lundi 24 novembre 2014

Dans un souffle

Je file dans le brouillard. Comme si ma vie en dépendait.
Fendant le jour paresseux qui tarde à se lever.
On ne croirait jamais que la matinée est bien entamée.
Grisé par la vitesse, je ne veux surtout pas ralentir et redonne de l'élan.

Sur mon passage, les oiseaux se taillent à tire d'ailes. Ils filent se réfugier dans les arbres.
Dans la pagaille, je vois s'envoler quelques feuilles brunes froissées.

Je m'imagine être à la poursuite de quelque chose ou quelqu'un. J'ai des frissons dans le cœur. J'accélère pour me convaincre que je touche au but.
Je suis seul au monde.

C'est déjà le début du sentier. La terre humide me freine d'un coup.
Je redouble d'effort pour garder mon allure.
Je vole au dessus du sol.
Plus que quelques mètres...
Je franchis la ligne d'arrivée, sous une pluie d'applaudissements délirants.
Je suis invincible devant une foule invisible.

© Reuters/Mike Blake
Maintenant que je ne suis plus en mouvement, je transpire terriblement.
À travers les branches, quelques timides rayons font discrètement scintiller les milliers de gouttelettes suspendues.
Un train passe au loin.
Je me retourne et jette un regard d'où je viens mais ne vois rien que le chemin.
Peut-être ai-je été trop vite ?
Un instant, je guette. Je tremble.
Enfin, elle est là. Une silhouette indécise qui se rapproche et se précise.

Je dois avouer que je suis rassurée de la voir arriver.
Haletante, échevelée, visiblement soulagée de pouvoir enfin s'arrêter.
Les bras tendus, les mains aux genoux, le dos rond comme un joli matou, elle prend quelques instants avant de relever la tête et me dire dans un souffle.
  • T'abuses! Tu pourrais m'attendre quand même! C'est un footing, je te rappelle, pas un trail.
 Ses yeux pétillent d'un sourire que je connais bien.
    Puis, comment tu frimes avec ta trottinette... C'est facile aussi, pour toi.
       
  • C'est pour mieux t'entraîner, mon enfant (je me défends crânement).
  • Ouais ouais, c'est pour mieux te moquer, tu veux dire!
Pas faux.
C'est vrai que j'aime bien la malmener,
ma petite maman.












Previously dans Moi Timothée,

dans Quelques grammes de musique,

et dans Le mercredi, on culture les petits,


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3 commentaires:

Crevette d'ODouce a dit…

Un peu de beauté en ce lundi matin avec ce joli texte, ça fait du bien.

Unknown a dit…

CHui partie en balade avec toi ce matin, merci Tim !!

Timothée a dit…

La prochaine fois, venez courir avec nous! :)